[Revue de presse] Les marketplaces à l'épreuve dans la distribution alimentaire

Le contexte que nous traversons bouleverse les habitudes des consommateurs, et plus particulièrement, dans le secteur de l'e-commerce alimentaire. Alors que nous entamons la 7e semaine de confinement en France, nous pouvons tirer de nombreux enseignements sur le rôle joué par les marketplaces B2B. 

Les articles sur cette thématique sont nombreux. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité partager avec vous une revue de presse des articles à ne pas manquer. N'hésitez pas à me suivre sur LinkedIn où je partage régulièrement les dernières tendances sur l'économie des plateformes et, plus généralement sur l'industrie alimentaire. 

Les français boudent-ils vraiment les produits frais ?

• De forts écarts entre l'offre et la demande liés à des comportements irrationnels de consommateurs font émerger les disparités de délais entre les capacités de livraison des industriels et la demande du consommateur final.

• Les boulangers voient leurs ventes s'effondrer de près de 60% en volume. Plus particulièrement les patisseries et viennoiseries accusent une chute des ventes de près de 70%, alors que la baguette voit ses ventes dégringoler de 29%.

• Pourtant certains acteurs tels que Pourdebon voient leurs ventes exploser en observant + 300% de commandes sur certains produits frais. On constate globalement un essor de la vente direct producteur via de nouveaux canaux (drive, livraison à domicile, etc.) sans pouvoir estimer à qui ces nouveaux acteurs prennent des parts de marché.

L'essor du home delivery et du click & collect

• Certains grossistes dépendant en grande partie des restaurants lancent leur propre activité D2C comme par exemple Bidfood qui vient de créer un service click&collect (article en anglais) imitant le comportements de distributeurs.

• De même aux Etats-Unis, Baldor Specialty Foods a lancé un service de Home Delivery (article en anglais). J.W. Lopes, grossiste de produits frais près de Chelsea, suit la même stratégie sur le home delivery afin d'écouler ses stocks.

• Ce modèle est également adopté par de plus petits acteurs tels que Tyler Akabane (champignons), Wulf's Fish (produits de la mer), TF Kinnealay & Co (viande) qui à leur niveau lancent des initiatives en ligne de home delivery.

• En Angleterre, les principaux fournisseurs de restaurants, les fromagers, et même les brasseurs suivent la tendance (article en anglais).

• Certaines enseignes de la grande distribution telles que Cora, Auchan, Leclerc lancent des services de livraison collaborative via la startup Yper.

• Côté boissons alcoolisées les ventes de vin ont reculé de 3,4% en grande distribution, cependant les ventes de vins en e-commerce ont augmenté de 69% (drive et livraison) selon Eric Marzec chez IRI.

• Les restaurateurs eux aussi changent de modèle en proposant des plats à emporter. Malgré cette initiative le panier moyen du client reste bas, en moyenne à 22€, dû principalement aux faibles commandes de boissons à emporter. Grands perdants de cette crise, un collectif de distributeurs-grossistes, fabricants et producteurs a lancé l'initiative solidaire jaimemonbistrot.fr afin de sécuriser des emplois et d'aider au redémarrage de la filière.

Et quels impacts sur le e-commerce?

• Nous constatons globalement une forte croissance de la catégorie Food & Beverage avec une expansion particulière de +65% des ventes Avril vs Mai, sur les produits baking supplies, coffee & tea, desserts:

source : https://attentive-mobile.foleon.com/en/updates/home/

• De même Criteo constate ces dernières semaines un essor de des ventes en ligne par rapport aux ventes physiques à partir de la semaine du 11 mars aux Etats-Unis.

source: https://www.criteo.com/coronavirus-impact-dashboard/

• Ces propos sont cependant à nuancer car l'e-commerce traditionnel ne résiste pas forcément mieux à la crise : en effet, celui-ci utilise bien trop souvent, contrairement aux marketplaces, les mêmes canaux de supply chain que le commerce physique.

Vers une modification des modèles de distribution?

• La crise du Covid implique une modification des modèles de distribution, mais pour combien de temps ? 75% des français font leurs courses en grande distribution. Aujourd'hui, nous observons un retour au "manger local". Les producteurs s'adaptent à la fermeture des marchés en plein air et proposent leurs produits au sein de cafés, restaurants, coiffeurs.

• "De la fourche à la fourchette", Didier Guillaume aborde sur Europe 1 le sujet du patriotisme alimentaire : Relocaliser l'agriculture sur des circuits courts et des produits de saison. 

• L'angoisse d'une pénurie alimentaire fait émerger des réflexions sur la souveraineté alimentaire. Réflexion contestée par certains spécialistes notamment Bruno Parmentier qui estime que la production "locale" restera marginale dans les grandes villes.

L'avantage du modèle de plateforme

• En cette période délicate, Anastasia Derly analyse comment les marketplaces continuent à évoluer (article en anglais).

• Le modèle de plateforme donne accès à vos clients à une gamme plus large de produits venant complémenter votre offre cœur. En modèle marketplace ces vendeurs tiers ont la responsabilité de livrer le client final. En multipliant ces derniers vous augmentez ainsi votre offre de produits, vous évitez au maximum les situations de rupture de stocks ainsi que la saturation de votre propre réseau logistique. Cela vous permet également d'avoir accès aux données de la plateforme de façon à suivre aux mieux les tendances de vos clients (article en anglais).

• A titre d'exemple, afin de lutter contre la pénurie de gel hydro-alcoolique Mirakl a récemment lancé la plateforme Stopcovid19.fr en partenariat avec le gouvernement français. Cette dernière met en relation fournisseurs d'équipements de protection (masques, gels hydro-alcooliques, gants, blouses...) avec plus de 6 000 clients (parmi lesquels des hôpitaux, EPHADs, acteurs de la grande distribution, pharmacies et établissements publics, etc...).  Lancée en 48h, cette plateforme réalise désormais quotidiennement plus de 2 millions d'euros de GMV par jour. Depuis son lancement plus de 30 millions de commandes ont été effectuées. L'équivalent de 600 000 litres de gel hydro alcoolique, 17 millions de masques et 13 million de produits de protection ont été livrés. 

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